MIPIM - The Global Urban Festival
9-13 mars 2026
Palais des Festivals, Cannes

Véronique Bédague : « Nous avons besoin de décisions audacieuses »

Présidente-Directrice générale de Nexity et présidente du Jury des MIPIM Awards, Véronique Bédague est l’une de voix qui compte dans le secteur de l’immobilier. Elle dévoile pour Perspectives sa vision du secteur et ses convictions pour la ville... quelques jours après la clôture du MIPIM 2025.

Quels étaient vos a priori sur le secteur de l’immobilier avant de l’intégrer ? Et qu’est-ce qui vous a le plus surpris une fois chez Nexity ?

Je suis une praticienne de la ville depuis vingt ans. J’ai une passion pour les villes depuis toujours. J’ai travaillé 12 ans à la Ville de Paris comme directrice des finances, puis secrétaire générale au côté de Bertrand Delanoë, qui avait une vraie vision urbaine. Il y a huit ans, après Matignon, j’ai choisi Nexity, premier opérateur urbain de France parmi toutes les entreprises du SB120 car elle répondait à cette passion : c’était quelque part une suite logique. Je n’avais donc pas d’a priori.

Une des autres raisons de mon choix, c’est l'importance accordée à l'humain et à la vie ensemble chez Nexity. L'engagement social de l'entreprise impulsé par Alain Dinin, notamment en faveur d’un logement pour tous, est véritablement au cœur de l'ADN de l’entreprise. Autre chose qui a compté, c'est la capacité de l'entreprise à innover et à s'adapter rapidement aux défis environnementaux. Chaque jour, nous nous battons pour rendre la ville accessible au plus grand nombre, à des prix abordables et avec une exigence environnementale maximale.

 

Vous avez passé toute la première partie de votre carrière dans le secteur public avant d’intégrer Nexity, comment avez-vous perçu le « changement culturel » entre ces deux univers ?

Oui. Il y a évidemment des différences culturelles significatives entre secteur public et secteur privé. Dans le secteur public, les décisions sont prises avec le prisme de l’intérêt général et une perspective de long terme. Chez Nexity, j'ai découvert un autre rythme et un environnement où l'innovation et l'agilité sont essentielles pour répondre rapidement aux besoins du marché. Et non, parce que ce souci constant du bien commun, je l’ai retrouvé chez Nexity. C’est ce qui fait le lien entre les deux univers.

 

On parle de plus en plus de collaborations entre public et privé, quelles en sont aujourd’hui les applications concrètes ? Et quels sont les freins qui restent à lever ?

En matière d’aménagement urbain et de programmation immobilière, la vision politique autant que sa mise en œuvre par le privé se réfléchissent localement en tenant compte des besoins spécifiques du territoire et de ses habitants. Il y a donc convergence et complémentarité des expertises. C’est pourquoi j’ai la conviction que le modèle public-privé a toute sa place et que ce partenariat entre acteurs privés et décideurs publics est vraiment gagnant-gagnant pour les territoires et leur développement durable. C’est dans ce cadre que je conçois l’utilité et la mise en œuvre des métiers de Nexity.

Lyon Confluence est l’exemple parfait démontrant que l’alliance force publique / entreprise privée permet de bâtir la ville de demain en créant un quartier où le logement pour tous se conjugue avec les plus hautes exigences environnementales. Nous avons collectivement réinventé nos façons d’habiter, d’étudier et de vivre ensemble autour de cœur d’ilots très végétalisés et massivement plantés pour apporter fraîcheur et biodiversité.

Ce nouveau quartier de Confluence est d’ailleurs le témoin du virage engagé par Nexity et illustre notre capacité d’opérateur urbain à concevoir, innover et développer de nouveaux produits à la fois abordable et bas carbone au service des nouveaux besoins des territoires et de ses clients.

© Nexity

Cependant, des freins subsistent, notamment la complexité administrative, la fragmentation des responsabilités et la nécessité de synchroniser les actions des différents acteurs. Il est crucial de simplifier les processus et de renforcer la coopération pour surmonter ces obstacles. Nous avons besoin de décisions audacieuses et de politiques publiques structurées de manière cohérente et intégrée.

Par ailleurs, je suis convaincue que demain, les décideurs publics continueront à décider mais, qu’après avoir inventé la délégation de service public, ils inventeront une forme de délégation de l’espace public. Nous, opérateurs de la ville et acteurs de l’immobilier, non seulement nous produirons de l’aménagement et du logement pour répondre aux besoins des collectivités et des habitants, mais nous prendrons aussi notre part pour créer de l’urbanité, c’est-à-dire notre capacité commune à développer un art de vivre ensemble.

 

Comment le MIPIM peut-il contribuer à renforcer les dialogues public-privé justement ?

Le MIPIM, en tant que plateforme internationale de l'immobilier, joue un rôle clé dans le renforcement des dialogues entre les secteurs public et privé. Depuis quelques années maintenant, le Forum des Élus notamment offre un espace de rencontre et d'échange où les décideurs publics, les promoteurs immobiliers et les investisseurs peuvent partager leurs visions et leurs expériences.

Le MIPIM favorise également la diffusion des meilleures pratiques et des innovations, ce qui peut inspirer de nouvelles collaborations et des projets ambitieux.

 

Quels paliers le secteur immobilier doit-il encore franchir pour avoir une approche plus « globale » de la ville ? En particulier sur les espaces publics ?

Je crois en la ville verte et dense avec une intégration de la nature de manière substantielle et une renaturation des espaces, comme je le développe dans mon livre « Éloge des villes - Huit convictions pour transformer et aimer à nouveau la Ville ». Une densité nécessaire et « heureuse ». À l’échelle de nos projets d’aménagements urbains et notamment dans les opérations de requalification urbaine, chaque espace libéré doit être mis au service de l’enrichissement de l’espace social, des mobilités douces y compris piétonnes, des interactions et activités humaines, en un mot, de la vie quotidienne.

C’est tout le sens de notre projet à Bordeaux Belvédère où nous avons mis un point d'honneur à tisser des liens au sein de ce quartier, mettant ainsi fin à la fracture sociale qui séparait les deux rives de Bordeaux. L’espace public, avec ses parcs, jardins, rues, places, cours, quais et promenades, est véritablement le cœur battant de la vie collective. Chaque espace libéré a été dédié à l’enrichissement de l’espace social, aux mobilités douces, aux interactions humaines et aux activités quotidiennes, tout en les harmonisant avec les espaces privés.

La densification intelligente, la mixité fonctionnelle et la durabilité environnementale sont des éléments clés pour y parvenir.

 

© Nexity

 

Vous observez des centaines de projets internationaux en tant que Présidente du Jury des MIPIM Awards, quels sont ceux qui vous ont le plus inspirée ces dernières années ? Y’a-t-il des critères plus importants que d’autres pour le Jury ?

Les critères les plus importants pour le Jury incluent l'innovation, la durabilité, l'impact social et la capacité à répondre aux besoins des habitants tout en respectant l'environnement. En tant que Présidente du Jury des MIPIM Awards, je peux vous assurer que j’ai été bluffé cette année par la qualité des projets qui ont candidatés. Ils sont tous très inspirants pour repenser la Ville et nourrir notre réflexion collective.

 

Quel rôle « sociétal » l’immobilier et l’aménagement de l’espace public doivent-ils avoir ? Que retenez-vous de vos échanges lors du MIPIM 2025 à ce sujet ?

L'immobilier et l'aménagement de l'espace public ont un rôle sociétal crucial à jouer. En intégrant des principes de durabilité et de résilience, ils doivent contribuer à créer des environnements urbains qui favorisent la cohésion sociale, l'inclusion et la qualité de vie, tout en répondant aux défis climatiques en réduisant les émissions de carbone, en favorisant la biodiversité et en créant des espaces verts.

L’histoire, y compris très récente, nous apprend combien l’organisation urbaine, l’immobilier et l’espace public facilitent la vie quotidienne et sociale ou, a contrario, isolent les foyers et les individus. Par définition, l’espace public appartient à « tous », c’est vraiment là où la vie ensemble se joue. Il est donc tout sauf neutre et l’enjeu de son aménagement et de son utilisation ne peut être traité par une simple répartition arithmétique des mètres carrés entre chaque usage : tant pour la voiture, tant pour les vélos, tant pour les piétons et s’il reste quelque chose, un peu d’espace pour celles et ceux qui ne font pas que passer.

Cela implique de penser des aménagements qui intègrent aussi bien les fonctions de la ville (commerces, services publics, mobilités…) que ses équipements (éclairage, mobilier urbain…) ou la qualité de son environnement (végétalisation, ilot de fraîcheur, place de l’eau), le tout en interaction avec les espaces privés et les bâtiments.

En somme, l'immobilier et l'aménagement urbain doivent être des moteurs de transformation positive pour nos villes et nos sociétés.

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